La première fois que je l’ai vu, c’était dans un amphithéâtre.
Elle est venue me voir, elle m’a demandé de lui expliquer pourquoi Eros engendre Thanatos.
Elle était passionnée de littérature et j’étais passionné de littérature.
Je suis tombé amoureux d’elle très vite.
Nous lisions des vers grecs.
Nous lisions Ronsard.
Je me suis caché pour pleurer quand elle m’a déclaré cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie.
Je l’ai invité au restaurant.
Tout était parfait, je lisais dans ses yeux comme dans un livre ouvert.
Elle a posé sa main sur la table.
Je lui ai pris délicatement, mon cœur battait si vite.
Et puis elle a ri !
Elle a ri si fort qu’autour de nous, les gens se sont arrêtés de manger.
Les yeux étaient tournés vers nous, vers moi.
Elle mettait sa main devant la bouche, le visage déformé par l’hilarité.
Elle était idiote et laide.
Je devais être ridicule.
Elle riait de moi.
J’ai ôté ma main de la sienne.
Elle continuait.
Et plus elle riait, plus j’avais envie de la frapper.
Je voulais la faire taire.
Elle me regardait, comme une chienne hideuse.
A ce moment-là, j’ai planté mon couteau dans sa gorge.
Son rire amer s’est transformé en un gloussement obscène.
Je l’entendais se noyer dans son sang.
Elle a voulu me dire quelque chose, mais elle est morte avant.
Elle était étudiante, j’étais maître de conférence.
Elle avait 19 ans, j’en avais 48.
Un amour
Libellés :
narratif
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